En sorte que tout est séparé d’être ainsi unifié,

En sorte que tout est séparé d’être ainsi unifié, c’est-à-dire sans différence – sinon quantitative. Pour saisir cette évidence il suffit d’observer par exemple à quel point plus l’être humain est réifié (plus il devient lui-même une marchandise), plus il est séparé de l’objet de son travail (la marchandise) : l’antagonisme du capital trouvait l’une de ses origines dans le refus de cette équation, et trouve fort logiquement le moyen d’éliminer tout antagonisme dans la réalisation effective de cette même équation : une fois réifié, je ne me saisis plus de ce qui me distingue de la marchandise, je communie avec elle à mesure qu’elle s’éloigne / elle s’éloigne à mesure que je communie avec elle. Il faut affirmer dans le même temps que ce stade infectieux du capitalisme, une fois accomplie (et c’est fait), finira par le vouer bientôt à sa propre perte, car il ne laisse dès lors d’autres choix à ceux dont la conscience se lève que celui de détruire les marchandises comme marchandises. L’analyse debordienne du bavardage médiatico-marchand, parce qu’elle s’est dès son origine situationniste constituée sur cette certitude que représentation et falsification, représentation et désinformation, représentation et bien entendu spectacle, seraient fondamentalement identiques, ne va pas jusqu’à formuler pleinement son caractère de panoptisme porno-giratoire, dont l'un des principaux caractères est la célérité du retour sur soi comme soi-plein d'un tout abstrait, dont l'automobile est le signal le plus visible. L'automobilisation ne permet plus aucun voyage, elle est un retour chez soi permanent toujours plus rapide, où ce qui est traversé si vite ne traverse plus personne. C'est d'ailleurs une sorte de subjectivisme touristique qui a objectivement provoqué la fabrication d'un habitat partout identique. Le touriste part en vacances chez lui et revient pressament chez lui après elles. Une telle automobilité ne souffre aucune représentation, elle n'admet guère que son signalement.