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L'ECOEUREMENT littérature bd politique cinéma art
15 septembre 2007

Nous sommes passés dans une époque de

Nous sommes passés dans une époque de transgression sans loi, ou plutôt une période historique qui transmue l’état d’exception de la crise (la krisis adolescente étant étymologiquement cet acte de séparation) à l’ensemble du vivant. Si « l’alchimie du verbe » rimbaldien disait bien la transfiguration adolescente d’un état vers un autre, le changement de nature nécessaire de l’être, l’adolescent de génie effectuait dans le même temps une reconfiguration de la notion d’œuvre. Celle-ci n’était pas éliminée, ne laissant uniquement la place qu’au « voyou », mais maintenue grâce à sa réfutation positivement radicale, par le « voyant ». Il assignait même à l’œuvre la puissance de cette transformation. Tout l’enjeu de l’art est d’inventer un universel, à partir d’exceptions, et non pas l’inverse. L’art étant devenu spectacle, accumulation d’images transformées en marchandises(1), la culture est désormais affaire privée de consommateurs. Combien d’adolescents se retrouvent enchaînés à ce rêve mondialisé du « tous artistes », du « pourquoi pas moi », au nom de l’impératif catégorique abstrait de la « création » et de la « performance » ? On aura toujours raison de se demander qui a intérêt à transformer le travail de l’art en « quart d’heure de gloire télévisé » selon la célèbre formule de Warhol. Cela conduit à savoir qui veut nier la permanence des conflits entre forces de productions et institutions disciplinaires. Il se profile sur ce fond de fin de l’histoire, une manière de rabattre toute expérience possible sur sa négation. L’adolescent ainsi essentialisé au risque de l’art, subit une double injonction, un double bind terrifiant qui lui demande « d’être et de ne pas être » à la fois. En faisant glisser la sentence d’Hamlet vers cette forclusion, on prépare des logiques suicidaires, que l’on arme pour des guerres qui n’ont d’autres fins que l’autodestruction.

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