Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
L'ECOEUREMENT littérature bd politique cinéma art
31 mai 2007

Sans me retourner, je sus qu'elle ne me lança

Extravagance_01Sans me retourner, je sus qu'elle ne me lança plus le moindre regard une fois dans mon dos. Peu avant d'être à ma hauteur, son sac enfin clos, elle avait jugé bon d'accélérer son pas, sans doute afin de nous épargner tout surcroît d'embarras, et de mettre au plus vite ensuite entre nous une distance qui rendrait chimérique l'accident même de notre rencontre. Je ne m'en offusquai point. Ce type de conduite était devenu la monnaie courante d'une humanité citadine sonnante et trébuchante, et rares étaient ceux qui, comme elle, eussent pu revendiquer de s'y adonner avec autant de réelle bonté. Du moins l'éprouvai-je ainsi, tant transpirait de ses manières plutôt le don magnanime que l'hautain désaveux d'autrui dont la plupart de mes égotistes contemporains se flattaient sans honte. La dernière mode à Sainte-Babel des Buissons comme ailleurs était au tout à l'ego, au chant cosmétique du moi pur, à l'indécence publique des ilotismes asilaires, et l'opportunité se raréfiait d'en échapper longtemps ; pourquoi je me réjouissais plutôt d'avoir croisé la bienveillance heureuse de la jeune maraudeuse, et poursuivais ma route comme jadis débarquait la marine anglaise : le coeur content.

Publicité
Commentaires
Publicité