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L'ECOEUREMENT littérature bd politique cinéma art
15 septembre 2007

Les jeunes spartiates quittaient un moment la

Les jeunes spartiates quittaient un moment la caste guerrière des hoplites : « A dix-huit ans, les jeunes se soumettent à un rite traditionnel qui, s’il est accompli avec succès, ouvre l’accès à la communauté civique. Il s’agit de la kryptie. Pendant une année entière, le candidat vit en marge de la cité. Dépourvu d’armes, vêtu de la plus simple des manières, il demeure caché et se nourrit comme il le peut. Personne ne lui apporte d’aide. L’épreuve est de taille, mais elle donne l’occasion de développer toutes les qualités d’un excellent guerrier lacédémonien : la ruse et l’agilité pour dérober sans se faire prendre les subsistances nécessaires ; la détermination pour surmonter les moments de faiblesse et de découragement ; la résistance physique pour se défendre et ne pas succomber sous les coups de l’ennemi. » Mais ce rite de passage se comprenait dans un enseignement, et des cadres de transmission qui avaient pour but l’appartenance communautaire(6). Pour l’adolescent actuel, mais aussi pour l’homme post-moderne, c’est ce « combat de tous contre tous » d’avant Hobbes, qui est devenu la règle. Comme si dans son interactivité généralisée, la communication avait eu besoin de circonscrire l’activité humaine à cette période de l’adolescence. Logique mortifère qui prive l’adolescent de ses propriétés, faisant de ses icônes, des morts en sursis (Kurt Cobain, Syd Vicious, Ian Curtis ou la dramaturge Sarah Kane), tous suicidés. Cette déstructuration a parallèlement désacralisé en la déconstruisant l’idée d’œuvre au sens classique, telle que Dante l’avait formulée dans un Chant du Paradis de la Divine Comédie en employant pour la première fois le mot art. On pourrait aujourd’hui reprendre la vision de l’historien américain Arthur Danto, dans son livre Après la fin de l’art, notant que nous sommes parvenus à l’heure où chacun peut dire : « Je suis l’œuvre ». En identifiant la création a ce moment éphémère, de transition de l’adolescence, la société a rendu l’art ainsi incertain, indéterminé, tout en lui faisant prendre l’apparence d’un immense techno-supermarché ludique. Pour échapper à l’alternative du mannequin aliéné et du kamikaze être pour la mort, il faut retrouver la possibilité de l’événement adolescent.

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