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L'ECOEUREMENT littérature bd politique cinéma art
19 novembre 2007

De l'épuration...

De l'épuration en milieu pseudo-démocratique réellement médiatico-parlementaire-marchand

en ce qui concerne les étudiants, les salariés, les chômeurs, les enfants, les jeunes et les vieillards en général, et l'ensemble des exploités condamnés pour l'heure à survivre dans un espace-temps de plus en plus réduit aux dimensions mensongères du spectacle

Préambule

    La subtilité stratégique des « démocraties » occidentales actuelles consiste essentiellement en ceci qu'elles ont obtenu de toutes les résistances qui se présentent à elles qu'elles soient aussi en même temps l'expression d'une pleine approbation de la domination. C'est pourquoi à chaque fois et en quelque endroit que s'affirme la volonté d'être libéré d'une soumission particulière, on ne rencontre guère plus que l'exigence d'être soumis à l'ensemble. Les exemples abondent, dans l'histoire de ces quarante dernières années, de ces « résistances » qui ont accepté tous les renoncements, pensant bien par là bénéficier des quelques miettes que leur laisse le pouvoir. Des combats féministes ou homosexuels – qui avaient encore quelque grandeur – aux manifestations contre le CPE, tout aura été, en dernier lieu, l'affirmation pure d'une adhésion redoublée au capitalisme et à son corollaire policier : l'Etat. Que par ailleurs l'étudiant soit presque toujours en première ligne au moment qu'il s'agit de contester un détail pour mieux renoncer à tout ne doit plus étonner personne. Sa croyance imbécile en un lendemain où le système saura lui donner une position sociale digne de l'enseignement qu'il a reçu, et dont il ignore perpétuellement l'objet, lui commande aussi religieusement de consentir à toutes les humiliations que lui inflige le dispositif étatico-marchand. Mais c'est que l'étudiant ne voudrait pas manquer sa chance d'en être. Son écoeurement face à l'ineptie du capitalisme cesse là où commence l'espoir d'y obtenir bientôt un poste, où il pense de bon droit pouvoir jouir du plein emploi de son incompétence. On comprend dès lors assez pourquoi quand justement il conteste l'introduction du Contrat Première Embauche et ses deux années de mise à l'épreuve dans le droit du travail, c'est encore seulement pour affirmer sa servitude, dans la revendication qu'il affiche sans honte de son droit au CDI. Une telle revendication, en dernière analyse, est l'aveu prononcé de son « désir » d'être un esclave à durée indéterminée. De même lorsqu'il s'oppose à « l'autonomie des universités » : s'il a bien observé qu'en guise d'autonomie la domination lui offrait en réalité de soumettre absolument ses facultés au marché, du moins ne va-t-il pas jusqu'à exiger une autonomie réelle. Non. Il préfère se targuer d'une modération raisonnable, modération qu'il ne cesse de considérer avec suffisance en tant qu'elle serait selon lui l'intelligence dernière, hors de laquelle nul salut n'est plus possible. Sa foi, c'est son ignorance ; et d'abord l'ignorance de ceci qu'il ne sert à rien de désavouer un assujettissement pour s'abonner à un autre – d'autant plus quand cet autre est celui-là même qui avait d'abord voulu le soumettre au marché, dont il est à la fois l'instrument policier et la contraction mafieuse centralisée qui légifère seule sur sa propre légalité et sur celle des autres mafias capitalistes. En sorte que, et sans négliger qu'il peut s'offrir d'être plus laxiste qu'une entreprise quelconque, continuer d'exiger que les universités dépendent pour l'essentiel de l'Etat, c'est encore contester un détail pour confirmer son assujettissement volontaire à l'ensemble. Le système général de l'enseignement n'est rien plus que l'enseignement général du système, où le fétichisme pour les détails métastasique de ses dysfonctionnements partiels vient régulièrement cacher l'immensité globale de sa réussite. Icelle réussite trouve sa juste représentation dans la réelle innocuité des grèves estudiantines – et des autres.

Léolo

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